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Dans une lettre adressée à son frère Muhammad Ibn al-Hanafiyyah ainsi que dans d’autres occasions, al-Husayn évoque les raisons de son départ de Médine, de son refus du pouvoir de Yazid, et de sa révolution contre lui.
« Je ne me suis pas soulevé de gaieté de cœur, ni pour une quelconque insatisfaction personnelle, ni par subversion ni injustement. Je me suis soulevé pour réformer la Oumma de mon grand-père, le Messager de Dieu, pour commander le bien et interdire le mal, et pour suivre les traces de mon grand-père et de mon père … »
Préserver le Message de l’Islam et la Tradition du Prophète, tels sont les deux mots-clés de la Révolution d’al-Husayn.
C’était ainsi que l’Imam résuma sa mission : redonner à l’Islam son caractère social et politique tant étouffé par les soins des Omeyyades qui avaient voulu faire de l’Islam un ensemble de rites individuels et qui n’auraient aucun effet sur la vie sociale et politique, laissant ainsi la main des pervers au pouvoir tout à fait libre…
Aucun élément d’ordre personnel n’entra jamais dans ses motivations.
Quant à son refus absolu du pouvoir de Yazid, il l’a expliqué clairement à Ibn al-Wâlid, comme nous l’avons vu plus haut: « Yazid est un libertin qui ne cache pas son libertin alcoolique et un assassin de l’âme interdite… Quelqu’un comme moi ne saurait prêter serment d’allégeance à qui comme lui … »
Dans une autre lettre, adressée, celle-ci, aux habitants de Kûfa qu’il souligne les conditions requises en Islam pour un prétendant à la direction politique des Musulmans, l’Imamat:
« Par ma religion, l’Imam ne peut être que celui qui gouverne selon le Livre, qui établit l’équité, qui a pour religion la Religion Vraie, qui s’en tient scrupuleusement aux Prescriptions de Dieu… »
Donc, Al-Husayn, le petit-fils du Prophète, le gardien du Message, le membre des Ahl-ul-Bayt dont « Dieu a effacé la souillure », ne pouvait pas consentir et contribuer à la désignation de quelqu’un comme Yazid pour la direction de la Oumma, direction à laquelle ne doit accéder qu’un homme d’une intégrité exemplaire et possédant une connaissance profonde et parfaite des lois et des statuts de la Chari’â. En appelant les gens à se joindre à lui dans son soulèvement il ne leur promettait qu’une chose: le retour au Message de Dieu et à la Tradition du Prophète. »
De l’étude de la situation politique, économique et sociale, il ressort que ce qui prévalait durant la période du règne des Omeyyades, c’était:
1- Le despotisme et le népotisme du Pouvoir.
2- Les assassinats (d’opposants), la terreur et le sang
3- La dilapidation des biens de la Umma et de la naissance d’une classe de riches dans une société où prévalaient la pauvreté et le besoin.
4- La déviation dans la conduite: la déviation se développait dans la vie publique et les manifestations de la corruption sociale commençaient à se généraliser dans la conduite des individus et des groupes.
5- L’absence de la loi, et la primauté du tempérament et de l’intérêt personnels des gouverneurs dans la conduite des affaires de la Oumma.
6- La naissance d’une classe d’inventeurs et de falsificateurs de Hadiths, et de déformateurs de la Sunna du Prophète (p) que d’écoles théologiques, telles que « Al-Jabariyyah » et « Al-Murji’ah », dans le but de justifier et de légitimer la conduite politique déviationniste du Pouvoir.
Une lecture minutieuse de cette histoire convaincra tout observateur averti que la Révolution d’al-Husayn était une nécessité islamique historique.
La terreur et la liquidation physique constituaient un trait saillant des Omeyyades. Le parti omeyyade au pouvoir a fait de l’usage du sabre, du fouet et de la prison une monnaie courante contre les Musulmans et notamment contre les adeptes d’Ahl-ul-Bayt, les dirigeants de l’opposition parmi les partisans de l’Imam ‘Ali, d’al-Hassan et d’al-Husayn.
Exemple : Muawiya a tué 1) Hojr Ibn ‘Aday, un Compagnon auguste qu’al-Hâkim a décrit, dans « Al-Mustadrak », comme un ascète parmi les Compagnons du Prophète p, 2) ‘Amr Ibn al-Hanq al-Khazâ’i: c’était un Compagnon, un Emigrant qui occupait lui aussi une position auguste auprès du Prophète. Il fut décapité à Mouçol et sa tête fut transportée à Damas… La liste est loin d’être close.
Par ailleurs On entendait prononcer depuis les tribunes des Omeyyades, des discours provocateurs regorgeant de mensonges, d’injures et de contre-vérités à l’encontre l’Imam ‘Ali Ibn Abi Tâlib.
Ces agissements ont suscité la colère de la Umma en général, d’al-Hassan et al-Husayn, de leur partisans, des Compagnons et des Suivants en particulier, ceux-ci ayant bien connu l’Imam ‘Ali, sa position, son jihad justice, sa science et sa plume. un jour Muawiya en compagnie de Saad ben abi waqqas, a commencé des injuries contre l’Imam Ali; Saad lui a répondu :
Par Dieu, si j’avais seulement une seule des qualités que possédait ‘Ali, je l’aurais aimée mieux que la possession de ce sur quoi le Soleil se lève; et si j’avais les enfants de ‘Ali, je les aurais mieux aimés que la possession de ce sur quoi le Soleil se lève! Par Dieu si c’était à mon propos que le Prophète eût dit (ce qu’il avait dit à propos d’Ali), le jour de Khaybar: « Demain je donnerai l’étendard à un homme que Dieu et Son Prophète aiment, et qui aime Dieu et son Prophète; il n’est pas un fuyard; par lui, Dieu donnera la victoire », ce serait préférable pour moi à la possession de ce sur quoi le Soleil se lève.
Par Dieu si c’était à moi que le Prophète eût dit – ce qu’il avait dit à l’Imam ‘Ali -: « N’acceptes-tu pas d’être à moi ce que Haroun était à Moïse, à cette différence près qu’il n’y aura pas de Prophète après moi? », ce serait mieux pour moi que la possession de ce sur quoi le Soleil brille. Que Dieu ne me pardonne jamais si j’entrais une seconde fois chez toi pour le restant de ma vie «. Puis il se leva et partit.
Cette campagne de dénigrement contre l’Imam ‘Ali ne prit fin qu’avec l’avènement de ‘Omar Ibn ‘Abdul ‘Aziz.
Outre ces facteurs qui ont attisé les flammes de la révolution et galvanisé l’ardeur de l’opposition qui réclamait l’application des statuts de la justice et de l’égalité que l’Islam avait promulgués, ainsi que le respect de la volonté de la Oumma et des valeurs et des principes relatifs au gouvernement, à la politique et à la façon de traiter la Oumma, il y avait des facteurs économiques et financiers qui justifiaient le Soulèvement des défenseurs de l’Islam vrai. En effet, le régime Omeyyade avait suspendu les lois de la distribution économique (promulguées par l’Islam) établissant l’égalité dans les dons distribués, l’interdiction de l’accaparement, l’obligation de la solidarité l’entraide sociale au bénéfice des classes démunies, et la lutte contre la pauvreté.
Le petit-fils du Prophète p et fils de l’Imam ‘Ali, Al Husayn, investi qu’il était, par le Texte, de la mission de sauvegarder le Message islamique, ne pouvait pas rester les bras croisés alors que les valeurs de l’Islam étaient bafouées publiquement et ouvertement; même s’il était sans illusion quant à l’issue immédiate de sa révolution. Il lui importait peu qu’il remporte ou non la bataille qu’il devait livrer. Pour lui, ce qui comptait c’était d’accomplir sa Mission divine, et de réaliser la victoire de sa Cause. De là sa grandeur et la noblesse de sa Révolution exemplaire.
Imam Husayn avec son révolution, à travers l’histoire, rappel à tout moment, aux injustes, que l’injustice à des limites, et aux déviationnistes, que le Message a toujours des gardiens dévoués et prêts en toute conscience, à se sacrifier pour le défendre, quelque soient la puissance et la tyrannie de ceux qui veulent le faire dévier de son cours originel.
Devant la crainte de voir la déviation, déjà largement entamée, se généraliser et se banaliser, et la civilisation islamique s’engager définitivement dans une voie qui s’écartait Message, al-Husayn estimait que seule une autorité morale, une force morale, était capable de faire mouvoir et d’émouvoir la conscience de la Oumma et de rappeler à celle-ci la gravité sa situation déviationniste.
En fait, en décidant d’affronter les Omeyyades, al-Husayn espérait moins obtenir une victoire matérielle et immédiate contre eux, que les empêcher de porter injustement le titre de la légitimité et de la légalité. Mieux, toute porte à croire que lorsqu’il décida d’engager la lutte contre Yazid et son empire, il savait préalablement qu’il y perdrait sa vie.
Lorsque Oum Salama, la femme du Prophète p, le pria d’abandonner son projet en lui disant que son grand-père, le Prophète p, avait prédit son assassinat dans le combat qui l’attendait, il ne dit pas autre chose: « Oui, mère, je sais que je serais tué ».
La lecture des correspondances d’al-Husayn nous permet de constater que la raison de son départ de Médine pour la Mecque comme première étape de son mouvement se résumait dans les points suivants:
– Attirer l’opinion publique, la sortir de sa léthargie, la mouvoir, la surveiller de plus près, et la tester.
– Commencer la mobilisation et la préparation du soulèvement général; exposer le problème politique selon les principes islamiques de gouvernement, de politique et de direction.
– Planifier en vue de diriger les masses et définir les points de départ de la confrontation, sur les plans de temps, de lieu et de conjoncture.
– Amorcer la confrontation pour déchoir le gouvernement de Yazid et instaurer un Etat bien dirigé sous la direction d’al-Husayn, fondé sur les principes du Coran et de la Sunna du Prophète.
De son siège de la Mecque, al-Husayn a donc pu faire remuer l’opinion publique, galvaniser le sentiment de révolte des Musulmans, diriger le mouvement de l’opposition. Pendant les mois de Cha’bân, Ramadân, Chawwâl, Dhil-Qa’dah et une partie de Dhil-Hajjat, il a pu déterminer le lieu, le temps et la conjoncture politique du déclenchement de sa bataille.
La révolution sera déclenchée en Irak.
L’événement de Karbala joua un rôle majeur dans le renversement du gouvernement omeyyade, bien que son effet fût retardé. Comme conséquence immédiate, il y eut les révoltes et les guerres sanglantes qui se poursuivirent pendant douze années.
Parmi ceux qui causèrent la mort de l’Imam, aucun ne put échapper à la vengeance punitive.
Quiconque étudie attentivement la vie de l’Imam Husayn et de Yazid et les conditions régnant à l’époque, se convaincra que l’Imam Husayn n’avait d’autre choix que de se faire martyriser. Jurer serment d’allégeance à Yazid aurait signifié une démonstration publique de mépris envers l’Islam, chose impossible pour l’Imam.