Les principes de l’éducation dans l’enfance musulmane
Chapitre huit : L’éducation scientifique et intellectuelle
« Allah élèvera ceux d’entre vous qui auront cru et qui auront reçu le savoir. Allah sait ce que vous faites. » (Coran, 58,11)
« Parmi Ses serviteurs, seuls les savant craignent Allah. » (Coran, 35, 28)
« Dis : Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? Seuls les doués d’intelligence se rappellent. » (Coran, 39, 19)
Les savants versés dans la logique ont défini l’humain comme étant un animal doué du pouvoir de la pensée.
An-Nâtiqiyya signifie étymologiquement la faculté de penser et la capacité de s’exprimer.
L’humain est donc cette créature raisonnable, qui pense et qui est capable de percevoir les choses au moyen de sa conscience ; il est cette créature qui est en mesure d’acquérir des connaissances et de rassembler des données provenant de la perception qu’elle acquiert du monde de la nature et des vivants, ainsi que par la réflexion qu’elle opère sur l’univers et l’existence dans son ensemble.
C’est précisément par ce savoir et ces connaissances que l’humain se forge des valeurs humaines et que les nations et les peuples ont pu occuper la place qui est la leur dans le cours de l’histoire ; et c’est ce savoir qui est à la source de l’orientation de l’humanité.
C’est en effet grâce à l’utilisation de sa raison et par la découverte des lois scientifiques que l’humain a pu maîtriser la nature, les animaux et les plantes, pour les utiliser et en tirer profit.
L’Islam considère la recherche du savoir comme une obligation, c’est pourquoi le hadith suivant énonce : « Rechercher le savoir est une obligation incombant à chaque musulman. »
En effet, le savoir est le point de départ de la connaissance d’Allah – qu’Il soit exalté -. Il est ce comportement qui donne aux comportements humains leur rectitude lorsqu’il est bien utilisé ; il est la source de la force des musulmans et de leur honneur et constitue le facteur essentiel qui leur permet de propager l’Islam dans le monde entier et d’en être les guides.
L’intérêt que l’Islam porte à la connaissance et au progrès scientifique a conduit au développement de filières spécialisées afin de pourvoir aux multiples besoins de la communauté ; ainsi se sont développées des sciences comme : la médecine, l’infirmerie, les sciences juridiques, les sciences militaires, l’agriculture, l’astronomie, l’optique, etc.
A noter que le devoir de développer la connaissance est au point de vue légal une obligation reconnue comme incombant à la communauté toute entière.
Suite à cet appel de l’Islam à la recherche du savoir et à l’acquisition de connaissance, les musulmans ont pris en main l’initiative scientifique ; ils ont ainsi assis les bases des sciences et des connaissances, fait construire des universités, des bibliothèques, rédigé de multiples ouvrages et ont construit le palais de la civilisation et de l’urbanisation.
Ils ont de même mis sur pied des méthodes de recherche scientifique dans les domaines des sciences humains et des sciences naturelles. Ainsi, ils se sont appuyés sur la méthode rationnelle dans les domaines scientifiques généraux et sur la méthode expérimentale et la recherche en laboratoire pour les sciences comme la médecine, l’astronomie, la chimie, la physique, la pharmacologie…
Et c’est sur ces bases que la civilisation européenne moderne s’est construite et qu’elle a pu progresser comme elle l’a fait. L’Islam appelle donc à la recherche du savoir et incite les musulmans à se surpasser, à progresser dans le domaine scientifique.
En accord avec cet idéal, il est du devoir des parents, des éducateurs, et des organisations à vocation scientifique, de diriger l’enfant vers cet idéal et de le faire s’intéresser à la recherche scientifique, de lui faire aimer la recherche et la découverte, de lui faire connaître les secrets de la nature et de la vie en l’encourageant à lire et à faire des expériences scientifiques simples.
Le processus de connaissance commence chez l’enfant par rapport aux choses sensibles et concrètes, prises séparément, puis peu à peu, il se trouve à même de comprendre des concepts globaux et des abstractions.
Le désir de l’enfant d’apprendre dès ses premières tentatives découle d’un instinct qui le pousse à rechercher, à découvrir ; suite à ces découvertes, il se produit en l’enfant de l’étonnement, et c’est ainsi qu’il se pose des questions et étend son champ de connaissances par contact direct avec les choses, puis avec les vérités scientifiques ; à cette fin, il s’aide de son imagination comme faculté intellectuelle qui l’aide à créer, innover et inventer.
Mettre à sa disposition des jeux scientifiques et des moyens techniques simples qui augmentent ses capacités de réflexion et son intelligence lui permet de développer en lui l’esprit scientifique et l’amour de la recherche.
Les parents doivent de même manifester à leurs enfants l’intérêt qu’ils portent à leurs progrès scolaires, et doivent leur faire aimer l’environnement scolaire ; de même ils doivent les encourager à se surpasser en leur offrant des cadeaux utiles et constructifs.
On pourra de même mettre à la disposition de l’enfant des revues scientifiques, des illustrés et le suivre dans ses études d’une façon qui l’encourage à faire ses devoirs et à désirer progresser.
Il est bon également de lui raconter la vie des célébrités scientifiques sous la forme d’histoires savoureuses et excitantes et de lui expliquer les tentatives entreprises par ces personnes en vue de découvrir et d’explorer l’inconnu et le monde environnant.
Il faudra également lui faire comprendre l’excellence de la science et la supériorité des savants sur le reste de l’humanité. Il sera bon à cet effet de lui faire visiter des musées, de l’emmener voir des expositions scientifiques et industrielles.
Tout ceci constitue un ensemble de moyens qui encouragent l’enfant à rechercher, découvrir et à vouloir se surpasser.
Les éducateurs et les parents ont la responsabilité de rechercher quels sont les dons et les dispositions de leur enfant, de voir dans quels domaines il est le plus habile et ce vers quoi il est attiré ; à ce moment-là, ils devront mettre à sa disposition les moyens nécessaires en lui permettant d’exercer ses facultés créatrices ; il est à cet égard intéressant d’organiser des expositions où sont montrées les créations des enfants, de publier leurs noms dans les journaux par exemple ; ainsi, l’esprit de créativité de l’enfant, suite à la prise en considération de son travail par les autres, va grandir en lui et il ressentira alors combien il est un élément important dans sa vie.
Principe de formation du raisonnement chez l’enfant musulman
Le point le plus important est de poser des principes de base et des concepts fondamentaux nécessaires à la construction de la faculté de raisonnement et de pensée chez l’enfant afin qu’ils lui servent de point d’appui pour former sa raison, organiser sa pensée selon les méthodes islamiques et la manière de pensée civilisationnelle de l’Islam.
Il faut apprendre à l’enfant que toute chose à une cause et que tout être vivant a été créé dans un but déterminé et possède une valeur propre ; que toute chose entretient des relations d’interdépendance avec les autres et que l’humain comme immanquablement des erreurs, mais qu’il peut les corriger. Il faut lui apprendre à travailler en organisant des principes de comparaison des connaissances et que les sens, l’expérience et les observations scientifiques sont les instruments fondamentaux qui servent à organiser et rassembler les connaissances et les données. Il faut de même lui enseigner les principes de la logique et les mathématiques qui vont lui servir à organiser sa pensée.
Toutes ces vérités et ces principes qui sont enseignés à l’enfant, que ce soit au moyen des programmes scolaires, de récits, d’expériences, de pratiques, d’exposition des productions d’autrui, de mise en éveil, de commentaires autour d’observations effectuées sur le terrain, etc… tous ces moyens contribuent activement à construire les prémices et les bases qui vont donner naissance à une raison islamique et à une pensée scientifique productive loin de toutes superstitions, suivisme ou affabulation.
Il n’est pas inutile à cet égard de résumer les principes généraux qui sont à la base de la formation de la raison islamique :
1. Donner au principe de causalité générale une place centrale et l’appliquer correctement à l’existence dans son ensemble et aussi à la nature et à la métaphysique.
2. Savoir que les sens sont à la base de la connaissance et que la raison est l’instrument qui met en œuvre l’opération d’extraction et de déduction ; c’est elle en effet qui permet sur la base de connaissance sensorielles primaires de passer à des connaissances abstraites et globales ; c’est ainsi que l’on peut extraire des lois générales et obtenir de nouvelles connaissances.
3. Les instrument du savoir sont donc les sens et la raison.
Chapitre neuf : L’éducation physique
« Et recherche à travers ce que Allah t’a donné la demeure dernière, mais n’oublie pas ta part en cette vie ; sois bienfaisant comme Allah l’a été envers toi ; ne recherche pas la corruption sur la Terre, car Allah n’aime pas les corrupteurs. » (Coran, 77, 28)
Ce verset béni évoque le principe d’équilibre que l’humain doit respecter dans sa vie, à savoir qu’il doit répondre aux demandes matérielles et aux besoins de son corps en l’entretenant, et en s’intéressant à tous les aspects de la vie d’une manière égale ; ce verset appelle également l’être humain à penser et à agir en vue de l’autre monde, le monde éternel.
Allah a créé l’humain comme une unité vivante, complète et harmonieuse, composée d’instincts, de raison, de volonté, de sentiments et de sensations.
Une éducation adéquate sera donc une éducation qui respectera cette composition humaine dans tous ces éléments à la fois matériels et spirituels, corporels et psychologiques, et qui portera un intérêt particulier aux rapports de cette unité humaine avec l’autre monde.
Ceci, dans le but d’éviter la production de hiatus entre les valeurs spirituelles et physiques, ou de désorganiser l’équilibre de la personnalité. C’est pour cette raison que l’Islam a refusé la vie monacale et les privations corporelles et a, à maintes reprises appelé, à travers la législation et les jugements légaux, au respect et à l’entretien du corps.
C’est ainsi que dans l’Islam, l’humain doit fournir au corps la nourriture, la boisson, le soigner quand il tombe malade, le vêtir, lui procurer un logis, répondre à ses désirs sexuels, etc…
Ce devoir vis-à-vis du corps est basé sur le verset précédemment cité et sur bien d’autres, car l’Islam considère les besoins corporels comme vitaux.
L’éducation islamique vise donc à faire prendre conscience à l’enfant la nécessité de répondre à ces besoins ; les parents, quant à eux, ont la responsabilité de veiller à la bonne santé de leurs enfants.
Cette attention portée par l’islam au bon entretien physique commence dès avant la naissance de l’enfant, alors qu’il n’est encore qu’un embryon ; en effet, les recommandations islamiques invitent la femme enceinte à consommer une nourriture équilibrée et riche afin de donner naissance à un enfant bien portant.
La législation islamique a de même interdit tout ce qui pourrait constituer une nuisance pour la femme enceinte et son enfant, comme l’énonce ce hadith d’expression générale : « Pas de mal, ni de nuisance. »
Pour la femme de notre époque, ce hadith signifie la mettre en garde contre la consommation excessive de médicaments et de certaines drogues qui mettent fin à la grossesse et qui, le plus souvent, conduisent à des malformations du fœtus ; consommer de tels médicaments revient à commettre un crime psychologique ou physique. Causer du tort à l’enfant ou le mutiler sont des actes interdits et sont passibles de peines.
Lorsque l’enfant naît, les parents deviennent légalement responsables de sa protection physique et doivent le protéger de toute maladie.
Beaucoup de parents se montrent négligent ou insouciants à cet égard et ne prodiguent pas à l’enfant les soins nécessaires, ou bien prennent à la légère certains symptômes ; c’est alors que la maladie s’aggrave et devient incurable.
Le père est légalement responsable de la protection de ses enfants vis-à-vis des maladies, et doit les garder en bonne santé en leur procurant la nourriture nécessaire et les médicaments en cas de besoin. Aucune excuse n’est acceptée si ce n’est pour celui qui ne peut financièrement pourvoir aux besoins de l’enfant ; dans ce cas, ce sera aux organisations gouvernementales spécialisées dans l’enfance de répondre aux besoins de celui-ci.
Les parents doivent donner à l’enfant de bonnes habitudes en matière de santé, comme l’Islam l’a recommandé ; par exemple l’habituer à ne pas trop manger, ni trop boire, à ne pas se vêtir au-delà de ses besoins et à ne pas se livrer au gaspillage, comme Allah l’a dit : « Ô fils d’Adam ! Parez-vous quand vous allez à la mosquée, mangez, buvez, mais ne commettez pas d’excès ; Allah n’aime pas ceux qui gaspillent. » (Coran, 7, 31)
Il faut de même habituer l’enfant à l’hygiène et à la propreté corporelle, vestimentaire, à celle de la maison et du milieu dans lequel il vit, et l’habituer à porter des habits soignés et à manger une nourriture pure, car Allah a dit : « Allah ne veut pas pour vous quelque gêne ; Il veut simplement vous purifier et parfaire sur vous Son bienfait ; peut-être serez-vous reconnaissants. » (Coran, 5,6)
« Dis : Qui a interdit la parure d’Allah, qu’Il a produite pour Ses serviteurs ? Dis : Elle est destinée à ceux qui ont la foi dans cette vie et exclusivement à eux au Jour de la Résurrection. Dis : Nous exposons clairement nos versets pour les gens capables de savoir. » (Coran, 7, 32)
L’Islam est la religion de la bravoure et de l’esprit chevaleresque, c’est pourquoi il a demandé aux musulmans de fabriquer et de mettre en œuvre tous les moyens possibles au service de la puissance matérielle et corporelle.
« Et préparez contre eux tout ce que vous pouvez comme force… » (Coran, 8, 60)
C’est pourquoi, autrefois, on attachait une grande importance à l’éducation physique de l’enfant et on lui inculquait l’esprit de chevalerie et le sentiment de force comme principes de base pour préparer et éduquer les jeunes générations et construire la communauté islamique. En outre, inculquer à l’enfant l’esprit de force, de bravoure, de générosité, contribue grandement à le maintenir en bonne santé et à faire grandir sa personnalité, ainsi que cela l’aide à avoir confiance en lui, et à être prêt à faire face aux difficultés.
Le Prophète (S) a encouragé l’éducation physique : « Apprenez à vos enfants la natation et le tir. »
Ce qui est du plus haut intérêt sportif et physique, c’est l’exemple concret que nous donne le Prophète (S) : le Prophète était en effet un jeune chevalier combattant ; de plus, il envoyait son cheval participer aux courses de chevaux ; il gagnait le tournoi et surpassait tous les autres la plupart du temps, bien que sa chamelle perdait parfois le tournoi. Il organisait également des compétitions entre ses compagnons et récompensait les gagnants pour renforcer en eux l’esprit de force, de chevalerie, et l’esprit sportif.
Rukâna, connu pour sa force et ses victoires, combattit avec le Prophète (S) qui, cependant, sortit vainqueur.
Le sommeil est également un des facteurs essentiels, aussi bien dans la vie physique que dans la vie intellectuelle de l’humain. Le respect des moments de repos nécessaires au corps est également capital. Il faut de même habituer l’enfant à se coucher tôt et à se lever tôt : cela lui apprendra à rester en bonne santé physique et psychologique, et à savoir bien utiliser son temps.