Régime de Droit de la femme Selon le martyr et professeur Motahari
Par Mehdi Hakimi
Introduction:
Malgré les études profondes déjà réalisées sur le problème du droit de la femme et les questions relatives y concernant, ce problème exige des études et des vérifications nouvelles. Le martyr et professeur Motahari dans son précieux ouvrage des droits de la femme en Islam traite cette question avec une nouvelle méthode selon une vision islamique. Le professeur Motahari dans l’ensemble des articles de son livre inaugure le thème des droits de la femme, de la manière que nous aborderons cet article.
Il est supposé que la question principale dans ce domaine est celle de la liberté de la femme et son égalité à l’homme. De sortes que toutes les autres questions en sont subalternes. Dans tous les mouvements sociaux de l’occident, à partir du 17ème siècle jusqu’à nos jours, les axes principaux étaient: la liberté et l’égalité. Etant donné que le mouvement des droits de la femme était subordonné aux autres mouvements et vu que l’histoire des droits de la femme en Europe sur ces sujets était trop amère et noire, ce mouvement a suivi l’essor de la masse. Les pionniers de ces mouvements croyaient que la liberté et l’égalité étaient parmi les droits que la nature a définis pour l’homme et personne n’a le droit de les arracher aux autres. Ils ont supposé que l’homme et la femme ont des droits analogues, or le régime familial a ses propres lois et logiques. La famille n’est pas un simple rassemblement social comme tant d’autre compte tenu des différences créées par la nature entre l’homme et la femme qui forment alors deux créatures inégales, la famille se diffère des autres formes de rassemblement par une réunion entre deux être, « naturelle – contractuelle ». Lorsque cette nature considère ces deux créatures inégales, mais cependant complémentaires, est-ce qu’elle conçoit alors que leurs droits naturels soient égaux ? Ou bien considère-t-elle que cette bisexualité entraîne une bi – législation ?
Malgré le progrès de la science dans ce domaine et la découverte des différences entre les deux sexes, comment a-t-on pu, comme le disent les mouvements féministes de l’occident, déduire que la liberté et l’égalité en droit de la femme sont conformes à la nature humaine ? Alors qu’il est clair que la ressemblance et la similarité entre l’homme et la femme sont des notions antagonistes à la loi de la nature et de la création.
Dans ces mouvements d’autres questions importantes n’ont pas été traitées en dehors de ceux de la liberté et de l’égalité. Ces deux dernières sont des conditions nécessaires mais pas suffisantes pour le bien être. L’égalité en droit est une chose mais la similarité en est une autre. L’égalité de l’homme et de la femme dans les aspects matériels et immatériels est une chose mais l’uniformité et la similarité en est une autre. Dans ce mouvement intentionnellement ou non, le terme « égalité » pris place au terme « similarité ». La qualité couvrit la quantité et le caractère humain de la femme entraîna l’oubli de son caractère féminin. Cette vision superficielle résolue certaines difficultés de la terre mais en produisant de nouvelles. Dans ces nouveaux malheurs le caractère féminin de la femme, sa situation naturelle, ses instincts et ses aptitudes particulières tombaient dans l’oubli. Si la société, mais aussi chacun des deux sexes veulent atteindre le bonheur, ils doivent parcourir leur propre orbite et savoir que chaque courant contre nature est condamné à l’échec. Le facteur de malaise de la société humaine n’est dû qu’à une démarche en contre nature. Le martyr Motahari explique que le Coran n’oublia jamais le caractère féminin de la femme en le revivifiant en tant qu’ « humain » et partenaire de l’homme. Ainsi le Coran a perçu la femme telle qu’elle est par la nature.
Femme et indépendance sociale.Le Martyr Motahari explique comment à l’époque de l’ignorance (pré – islamique), les pères et les frères se croyaient les souverains absolus de leurs sœurs, leurs filles et parfois leurs mères par la façon dont ils désignaient la fille avant sa naissance pour une personne déterminée, ou qu’ils s’échangeaient leurs filles ou leurs sœurs. L’Islam retira toutes ses oppressions sur les femmes. Il la rendit indépendante et abrogea toutes ses mauvaises coutumes. Il retira la souveraineté absolue des pères et des frères et offrit ainsi à la femme une liberté et une personnalité sociales. Ce mouvement islamique se différentie des autres mouvements de libération de la femme, notamment en occident par deux points majeurs: le premier du point de vue psychologique, ou le respect de chaque sexe est maintenu à sa juste valeur, le deuxième point, est que bien que l’islam offrit à la femme sa liberté et sa personnalité, il ne la poussa jamais à la désobéissance, ni à la rébellion envers l’homme. Ne lui souffla pas le scepticisme envers le gardiennage et l’éducation des enfants, lui appris rôle d’une bonne épouse et a évité les pièges des hommes capricieux et débauchés de la société. On retrouve dans ce mouvement une logique et une humanité.
Autorisation du père.
L’islam conditionne le mariage de la fille vierge à l’autorisation du père. Ce point est devenu un sujet d’interrogation. Le martyr Motahari explique que selon l’Islam d’une part le fils et la fille sage et majeur disposent d’une indépendance économique et que d’autre part, que la fille qui a déjà été mariée n’est plus sous l’amendement de son père. La question reste toujours la même: qu’en est-il de la fille vierge ?
Un point qui est essentiel dans l’Islam est que le père n’est jamais le souverain absolu de la fille, et qu’il ne peut pas l’obliger à se marier à n’importe qui sans son accord. Le père n’a même pas le droit sans une raison valable d’empêcher sa fille de se marier avec l’homme qu’elle veut. Nous voyons que selon les décrets des jurisconsultes shiite les filles disposent d’une entière liberté dans le choix du mari, mais nous voyons aussi une différence quant au problème de l’autorisation du père pour le mariage dans les conditions normales. Cette autorisation ne veut absolument pas montrer un rabaissement de la position de la femme par rapport à l’homme, car autrement la même autorisation du père serait à prendre pour une veuve ou une femme divorcée. D’autre part si l’Islam considérait que la femme n’est pas apte à prendre ses propres décisions, il ne pourrait pas lui octroyer l’indépendance financière. Cette question n’est donc pas une question d’infériorité de la femme par rapport à l’homme, mais elle a des fondements psychologiques et sociaux.
Si nous considérons la nature des deux sexes, l’homme par ses instincts a plus une qualité de dominateur, il cherche son plaisir par les sens. Alors que la femme est plus à la recherche de passion et d’affection. Dès qu’elle entend la rumeur de la passion d’un homme, et si elle n’est pas encore mariée, et n’a pas vécu avec un mari, elle sera captée par sa passion et elle croira facilement ses paroles. On comprend alors que le rôle du père est primordial pour la protection de la fille. Cette condition n’est pas ici pour contraindre la fille mais pour la protéger. Car il difficile de prendre une décision sans avoir au préalable ou de l’expérience ou un avis d’une personne expérimentée. Cette loi reste donc dans la voie de la protection des droits, des intérêts et de l’honneur de la fille.
La Femme dans l’idéologie islamique.
Le martyr Motahari dans son livre: « le régime des droits de la femme en Iran » consacre un chapitre à la philosophie particulière des droits familiaux, où il est dit: l’Islam n’a pas supposé dans tous les cas une égalité des droits, des devoirs et des sanctions pour l’homme et la femme. Il existe des cas où l’homme se différentie sur ces aspects de la femme, et la femme de l’homme, comme il existe des cas où les deux ont les mêmes droits, devoirs ou sanctions. Selon les occidentaux comme l’Islam n’a pas mis les mêmes droits pour l’homme et pour la femme, il devient une religion machiste. Or ce même raisonnement donne un sens de mépris pour la femme car, selon eux, logiquement: si l’islam considérait la femme comme un être humain complet il devrait alors lui reconnaître des droits similaires à ceux de l’homme. Or il ne l’a pas fait, donc l’islam ne considère pas la femme en tant qu’être humain réel. Cela revient à dire que l’homme devient le paramètre de référence et que l’on compare les droits de la femme par rapport à ceux de l’homme. Cela revient aussi à dire que l’honneur et la noblesse humaine ne seront assurés que par une similarité totale des droits des deux sexes. Mais la question qui se pose est: faut-il outre l’égalité, la similarité ? L’égalité est un concept différent de la similarité. L’égalité [1] est la justice sociale alors que la similarité [2] est une homogénéité. L’égalité est différente de l’homogénéité, comme la qualité est différente de la quantité. L’Islam n’est pas contre l’égalité des droits entre l’homme et la femme, mais il n’accepte pas la similarité entre ces deux concepts.
Pour mieux comprendre l’innovation de l’Islam dans le domaine des droits de la femme, il nous faut regarder les différences dans la position femme dans les écoles intellectuelles du monde au travers des époques et voir l’avis de l’Islam sur ces points: certaines écoles croient en deux natures différentes pour l’homme et la femme. Le Coran réfute ce concept, en dans de nombreux versets nous trouvons que les femmes ont été créées de la même manière que les hommes et de la même nature.
O^ vous les hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être [3], puis de celui-ci, il a créé son épouse et il a fait naître de ce couple [4] un grand nombre d’hommes et de femmes [5]
Parmi ses signes: il a créé pour vous, tirées de vous, des épouses afin que reposiez auprès d’elles et il a établi l’amour et la bonté entre vous. [6]
On ne trouve jamais dans le Coran, le concept de certaines écritures où la femme a une position dépendante de l’homme, où elle est créée de la côte de l’homme.
(Gen2:21) Et l’Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, et il dormit; et il prit une de ses côtes, et il en ferma la place avec de la chair.
(Gen 2:22) Et l’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et l’amena vers l’homme.
Une autre vision qui minimise la femme est celle qui la considère comme élément de péchés et comme facteur de la déviation. Elle est considérée comme celle qui força Adam à manger le fruit interdit.
Gen 3:6 Et la femme vit que l’arbre était bon à manger, et qu’il était un plaisir pour les yeux, et que l’arbre était désirable pour rendre intelligent; et elle prit de son fruit et en mangea; et elle en donna aussi à son mari pour qu’il en mangeât avec elle, et il en mangea.
Gen 3:12 Et l’homme dit: La femme que tu m’ as donnée pour être avec moi, -elle, m’a donné de l’arbre; et j’en ai mangé.
Gen 3:13 Et l’Eternel Dieu dit à la femme: Qu’est-ce que tu as fait? Et la femme dit: Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé.
L’Islam rejette cette vision. Le Coran raconte que le Diable a séduit Adam et Eve ensemble, et non seulement Eve:
Le Démon les tenta afin de montrer leur nudité qui leur était encore cachée. Il dit: « Votre Seigneur vous a interdit cet arbre pour vous empêcher de devenir des anges ou d’être immortels. » [7]
Nous y voyons aussi, que la responsabilité de l’action n’incombe qu’Adam:
Tous deux en mangèrent leur nudité leur apparut, ils disposèrent alors, sur eux, des feuilles du Jardin. Adam désobéit à son Seigneur, il était dans l’erreur.
Une autre vision, tout aussi fausse, est de considérée que la femme est incomplète, et ne peut atteindre le niveau des hommes, dans sa proximité vers Allah. Mais le Coran montre bien que la récompense de l’au-delà sera accordée en fonction de la foi et des bonnes œuvres et non pas en fonction du sexe. L’homme et la femme sont égaux sur ce sujet, et le sexe ne joue aucun rôle pour atteindre cette perfection. Le Coran cite les femmes saintes, fidèles, franches, patientes, celles qui jeûnent et qui prient, au même titre qu’il cite les hommes saints, fidèles, francs etc.…
Oui, ceux qui sont soumis à Dieu et celles qui lui sont soumises, les croyants et les croyantes, les hommes pieux et les femmes pieuses, les hommes sincères et les femmes sincères, les hommes patients et les femmes patientes, les hommes et les femmes qui redoutent Dieu, les hommes et les femmes qui font l’aumône, les hommes et les femmes qui jeûnent, les hommes chastes et les femmes chastes, les hommes et les femmes qui invoquent souvent le nom de Dieu: voilà ceux pour lesquels Dieu a préparé un pardon et une récompense sans limites [8]
Un autre mépris qui a touché la personnalité de la femme fût la glorification du célibat. Certains dogmes et religion considéraient la relation sexuelle comme une relation impure et avaient une vision hostile et septique sur les femmes. Ils considéraient la passion sur la terre comme un des grands vices de la société. L’Islam encore une fois fit face à cette illusion, il annonça le mariage comme une institution saine, et contesta le célibat. Il présenta la passion pour la femme comme une des qualités morales des Prophètes. Le Prophète de l’Islam (QPSSL) a dit: « j’aime trois choses: les bons parfums, la prière et la femme. » Bertrand Russel dit que l’on trouve du scepticisme envers les femmes dans tous les dogmes excepté dans l’Islam. L’Islam a mis en place des dispositions sociales qui résolvent les problèmes des relations avec la femme et son traitement, mais jamais il ne l’a traitée d’impure.
Une autre vision tout aussi méprisante est celle qui voit dans la femme un être vouer à préparer l’ascension de l’homme. L’Islam déclare que chacun des deux sexes est une création indépendante, mais complémentaire à l’autre. Toute la création sur cette terre est pour les deux:
C’est lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur la terre. [9]
La femme n’est pas créée pour l’homme mais chacun de ces deux couvrent l’autre.
Elles sont un vêtement pour vous, vous êtes, pour elles, un vêtement. [10]
Le martyr Motahari, dans son œuvre a rejeté tous ces mépris, pour dire finalement que l’Islam, d’une part, ne contient aucune vision minimisant la femme des points de vues philosophiques et d’exégèse de la création, et que d’autre part, il s’oppose et condamne toutes ces visions dégradantes de la femme.
Les bases naturelles des droits familiaux et sociaux.
Le Martyr Motahari veut sous ce titre indiquer les droits qui ne sont transférables d’un membre de la société vers un autre.
Selon lui le meilleur moyen de légiférer sur les droits régissant les actes mutuels de l’homme et de la femme, est de chercher les racines et les principes des droits familiaux, comme des autres droits, dans la nature. Nous pouvons séparer, sur la base des aptitudes naturelles de l’homme et de la femme, les droits et les devoirs semblables de ceux qui sont différents.
Notes:
1- Littré: L’égalité devant la loi, condition d’après laquelle tous les citoyens sont sujets de la loi, sans exception ni privilège.
2- Similaire: Littré: Qui est de même nature.
3- Note du traducteur du Coran: äÝÓ: personne.
4- NDT du Coran: Litt. D’eux deux.
5- Chap. 4, les femmes, verset 1. Traduction D.Masson.
6- Chap. 30, les Romains, verset 21.
7- Chap. 7, Al ‘Araf, verset 20.
8- Chap.33, les factions, verset 35.
9- Chap. 2, La vache, verset 29.
10- Chap. 2, La vache, verset 187