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Maryam , la mère de Jésus (Partie I)

Maryam , la mère de Jésus (Partie I)

2023-05-27

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La vie de son Excellence Maryam (as) avant la naissance de son Excellence le Masîh (as) selon le Coran (1)

L’éclat de l’astre splendide de la chasteté illumine la petite maison de ‘Imrân (1) (as), traversant le voile grossier de l’obscurité des siècles. Dans cette demeure réside le modèle de la chasteté, le modèle des pieux, sorti du giron de Hanna (2) (as) la chaste. Sa gravité, sa noblesse de caractère, sa pudeur et sa chasteté animent les conversations de tous ceux de son époque. A l’époque où l’ignorance et les superstitions ont supplanté l’adoration de Dieu, alors que les seigneurs terrestres ne laissent pas les gens voir le Dieu véritable, et que la nature des habitants de la terre, par divers procédés, demeure la cause qui retarde la communion avec les cieux, le besoin d’un modèle se fait plus que jamais sentir. Un modèle qui soit de surcroît générateur de modèles. Ce modèle n’est autre que la fille de ‘Imrân (as), la meilleure des femmes de son époque. Cette Dame (as) vit parmi des tribus et des nations qui correspondent en tout point à ce peuple dont ont rapporte : « Ils ont un cœur mais point d’Aimé. » Cependant, la faveur et l’aide de l’Esprit saint donne à ce peuple un Aimé en la personne de Jésus-Christ (as). Le mot Masîh (3) ou Messie (as) est un terme approprié et vivifiant qui insuffle un sursaut aux artères sans vie et rend leurs palpitations aux cœurs inanimés.

Le choix de la famille de ‘Imrân (as), plutôt que les savants

Les versets de la sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) constituent un préambule à la biographie de Maryam (4) (as), ils établissent la lignée de ses ancêtres et produisent un témoignage manifeste de l’amour véritable qu’elle éprouve pour Dieu ainsi que de la manifestation en actes des œuvres de cet amour. Le Coran dit : « Oui, Dieu a choisi, de préférence aux mondes : Adam, Noé (5) , la famille d’Abraham (6) , la famille de ‘Imrân, en tant que descendants les uns des autres. Dieu est Celui qui entend et qui sait. » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 33 et 34). Visiblement, le terme Âl-i ‘Imrân désigne la famille de ‘Imrân (as), le père de Maryam (as). L’expression Maryama ibnata ‘Imrân / مريم ابنة عمران est présente dans le Noble Coran, alors que ‘Imrân, le père de Mûsâ (7) (as) n’est pas même cité une fois, ou du moins pas sous la forme explicite qu’il s’agit bien du père de Mûsâ (as) (8) . Ceci corrobore l’éventualité qu’il est bien question ici du père de Maryam (as), aussi, dans ce cas, la famille de ‘Imrân désigne Maryam (as) et ‘Isâ (9) (as), avec ou sans l’épouse de ‘Imrân (as). Le fait que les chrétiens ne soient pas d’accord sur le fait que le père de Maryam (as) se nomme ‘Imrân (as) importe peu, le Coran n’étant pas assujetti à leurs caprices.

Dans l’expression dhurriyyatan ba‛duhâ min ba‛din / ذرية بعضها من بعض / en tant que descendants les uns des autres, le mot dhurriyyatan / ذرية / descendants, désigne à l’origine, selon les exégètes, les petits-enfants, et c’est ensuite qu’il s’est trouvé employé pour les enfants en général, qu’ils soient petits ou grands, aussi, dans le cas de ce verset, c’est la signification originale qui est la bonne, et si c’est ce mot qui apparaît dans ce saint verset, c’est parce qu’il exprime la douceur. Le fait qu’il soit dit ba‛duhâ min ba‛d / بعضها من بعض suppose que quels que soient ceux auxquels nous pensons, cela se trouve chez les autres, et conduit finalement aux autres. Cette parole est rendue nécessaire par le fait que l’ensemble qu’ils forment est similaire à ses parties. Quant à leurs qualités et à leurs états, ils ne diffèrent pas les uns des autres. Comme le débat porte sur leur élection, nous comprenons donc qu’ils composent une lignée au sein de laquelle il n’existe pas de disparités sur le plan des qualités et de la vertu : ils participent tous à ces qualités qui font d’eux les préférés par rapport aux savants. Et ce parce que dans les actions de Dieu, il n’est question ni d’exagération ni d’absurdité. L’une de Ses actions consiste en un choix qui constitue la source de tout le bien de la terre. Wallâhû samî‛ûn ‘alîm / والله سميع عليم / et Dieu est Celui qui entend et qui sait : Dieu entend leurs paroles, Il rapporte les paroles qu’ils prononcent lors de méditations spirituelles et qui sont issues du tréfonds de leur for intérieur, Il connaît leurs intentions ; aussi, la phrase en question tient lieu d’explication quant à leur élection, elle expose la raison de leur élection, de la même manière que la phrase dhurriyyatan ba‛duhâ min ba‛d / ذرية بعضها من بعض / en tant que descendants les uns des autres, tient lieu d’explication car elle exprime la raison du choix de ce groupe.

En fin de compte, on obtient du saint verset le sens suivant : Dieu a élu Âdam (as), Nûh (10) (as), la famille d’Ibrâhîm (11) (as) et la famille de ‘Imrân (as) parmi les êtres de ce monde, et ce choix les concerne tous. Pour cette raison, ils forment une lignée dont les membres sont pareils les uns aux autres, car ils sont équivalents et égaux au regard de la soumission des cœurs et de la fermeté de leurs pas qui s’inscrivent dans la promesse faite à Dieu (12) . Ainsi, lorsque Dieu, Honoré et Glorieux, les gratifie de Son élection, c’est parce qu’Il entend à la fois leurs paroles et est Savant de ce que recèle leur for intérieur. Dans le ‘Uyûn, on rapporte que lors d’un dialogue entre son Excellence Al-Rezâ (as) et Ma’mûn, ce dernier déclare : « Dieu le Très-Haut a-t-Il accordé la prédominance à la famille sur les autres gens ? » Son Excellence (as) répond : « Dieu le Très-Haut a rendu manifeste la prédominance de la famille sur les autres gens dans les solides versets de Son Livre. » Ma’mûn demande alors : « De quels versets s’agit-il ? » Son Excellence Al-Rezâ (as) lui répond : « Oui, Dieu a choisi, de préférence aux mondes : Adam, Noé, la famille d’Abraham, la famille de ‘Imran, en tant que descendants les uns des autres. Dieu est Celui qui entend et qui sait. » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 33 et 34).

Dans le Tafsîr ‘Ayyâshî, Ahmad ibn Mohammad rapporte de son Excellence Al-Rezâ (as), qui le rapporte lui-même de son Excellence Abî Ja‛far (13) (as) : « Celui qui pense que Dieu est dégagé de l’action de l’humeur et qu’Il n’a rien à voir avec ce que l’humeur provoque ment à propos de Lui, parce que la volonté de Dieu pénètre ainsi Sa nature, parce qu’Il désire ce qu’Il veut, parce qu’Il fait ce qu’Il veut, et parce que le noble Coran dit : ‘ en tant que descendants les uns des autres.’ (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 34). La lignée, de son début jusqu’à sa fin, forme une suite ininterrompue. Si vous avez entendu (par exemple) que Dieu le Très-Haut a fait à ‘Imrân (as) la promesse d’un fils, mais que son épouse a mis Maryam (as) au monde, il ne faut pas que vous réfutiez la nouvelle apportée par Dieu, ni Sa promesse, parce que cette promesse se réalise avec la naissance de ‘Isâ (as). » Quoi qu’il en soit, on peut affirmer de manière catégorique que la famille de ‘Imrân (as) est composée de son Excellence Maryam (as) et de ‘Isâ (as), auxquels s’ajoutent ou pas l’épouse de ‘Imrân (as). L’expression Maryama ibnata ‘Imrân / مريم ابنة عمران est répétée dans le Noble Coran (14) , comme il est répété dans le Coran et ses commentaires que le nom ‘Imrân n’est pas explicitement relié au père de Mûsâ (as).

Pourquoi un tel choix a-t-il été fait ?

Premièrement. Ils sont pareils les uns aux autres au regard de leurs paroles et de la soumission de leur cœur à Dieu.

Deuxièmement. En raison de leurs actes et de leurs bonnes actions, ils méritent de se voir gratifiés du choix de Dieu.

Troisièmement. L’absence d’interruption dans la lignée, qui est de part en part jointe et élue.

Le nadhr (15) (نذر) de Hanna (as), l’épouse de ‘Imrân (as)

Les recueils historiques et de traditions islamiques, ainsi que les discours des exégètes permettent de comprendre que Hanna (as) et Ashyâ‛ (16) (as) sont deux sœurs. La première est mariée à ‘Imrân (as), un dignitaire important parmi les Banî Isrâ’îl (17) , tandis que la seconde est choisie comme épouse par Zakariyyâ (18) (as), le prophète de Dieu. Hanna (as) l’épouse de ‘Imrân (as) voit passer de nombreuses années sans qu’elle ne donne naissance à un enfant. Un jour, alors qu’elle est assise sous un arbre, elle voit une oiselle donner à manger à ses petits. A la vue de cet amour maternel, le feu du désir d’avoir un fils embrase son cœur, ce qui lui fait implorer Dieu de lui en donner un. Elle se tourne sincèrement vers Dieu et fait le vœu que s’Il lui fait don d’un fils, elle fera de lui le serviteur de la Maison sacrée (19) . « Ce vœu montre combien le cœur de Hanna (as) déborde de foi, de sincérité et de pureté envers Dieu : c’est l’être le plus cher, son unique fils qui est l’objet de son offrande ! » Dieu exauce alors sa demande et Maryam la sainte (as) lui est ainsi offerte. C’est à ce sujet que sont révélés les saints versets (35 à 37) de la sourate Âl-i ‘Imrân qui nous informent, pour caractériser son Excellence Hanna (as), que le modèle de la chasteté et de la noblesse de caractère est l’ineffable mère de Maryam (as). Sa foi, la confirmation de la croyance en son cœur, les discours sincères que Hanna (as) adresse à son Créateur, la loyauté de son intention et sa pureté intérieure font que Dieu offrira à sa fille Maryam (as) le fils tant désiré, un fils immortel (20) . Bien que le vœu de Hanna (as) soit orienté vers un fils, lorsqu’elle comprend la volonté et la sagesse de Dieu, elle se soumet sans condition au désir de son Créateur. Elle dit : « Ce qui Lui convient me convient. » Dieu dit dans la sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) : « Oui, Dieu a choisi, de préférence aux mondes : Adam, Noé (21) , la famille d’Abraham (22) , la famille de ‘Imrân, en tant que descendants les uns des autres. Dieu est Celui qui entend et qui sait. » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 35 à 37).

Certains hadiths permettent de déduire que Dieu a envoyé à ‘Imrân (as) la révélation qu’Il lui fera don d’un fils capable de soigner les maladies incurables, de ressusciter les morts, sur Son ordre, et qui sera envoyé aux Banî Isrâ’îl en qualité de prophète. ‘Imrân (as) évoque ce fait avec sa femme Hanna (as), et c’est pourquoi, lorsqu’elle tombe enceinte, elle pense que le fils en question est l’enfant qu’elle porte, ignorant qu’en réalité elle porte en elle la mère (Maryam (as)) de ce fils. Pour cette raison, elle fait le vœu de faire de son fils (présumé) le serviteur de la Maison de Dieu (Bayt al-moqaddas). Cependant, à la naissance, lorsque Hanna (as) constate qu’il s’agit d’une fille, elle se met à s’inquiéter et se demande ce qu’elle va faire. Ceci est dû au fait que les serviteurs du Temple de Dieu sont choisis parmi les garçons et qu’il n’y a pas eu de précédent avec une fille choisie à ce titre. Dieu rapporte l’événement de cette manière : « La femme de ‘Imrân dit : ‘Mon Seigneur ! Je te consacre ce qui est dans mon sein ; accepte-le de ma part. Tu es, en vérité, Celui qui entend et qui sait.’ »

Ce passage coranique nous indique qu’au moment où elle s’adresse ainsi à Dieu, elle est déjà enceinte, et qu’elle est enceinte de Maryam (as). Cette invocation ne mentionne pas si son époux, ‘Imrân (as), a déjà quitté ce monde, pourtant, s’il est toujours vivant, elle n’a pas le droit de s’engager unilatéralement à libérer l’enfant qu’elle porte en son sein. Cela dit, il est clair également que la libération d’un enfant, qu’elle soit le fait du père ou celui de la mère, n’est pas équivalente à l’affranchissement d’un esclave. La fille de ‘Imrân (as) n’est pas une esclave que sa mère serait en mesure de libérer. Aussi, dans ce verset, il s’agit plutôt de libération concernant la tutelle parentale que les géniteurs exercent sur leur enfant. Exerçant cette tutelle, ils l’éduquent, ils l’élèvent et l’emploient en fonction de leurs besoins, sachant qu’il est obligatoire pour l’enfant de se soumettre à eux. Libéré, l’enfant est affranchi de la tutelle de son père et de sa mère et il n’est plus question pour lui de se soumettre à eux. Si cet affranchissement émane d’un vœu, s’il est accompli pour Dieu, cela veut alors dire que cet enfant est placé sous la tutelle divine, qu’il ne doit adorer que Lui, ne servir que Lui. Et servir Dieu dans ce cas consiste à Le servir à la mosquée, à l’église, en tout lieu saint consacré à l’adoration divine, car si un tel vœu n’est pas prononcé, c’est son père et sa mère que l’enfant doit servir. Certains disent également que la coutume faisait que les pères et les mères affranchissaient leur enfant pour Dieu et qu’après cela ils n’employaient plus leur propre enfant pour leur propre profit, ils ne l’embauchaient plus selon leurs propres besoins. Au contraire, les parents l’emmenaient au temple afin qu’il passe le balai et arrose la cour (23) et devienne ainsi le serviteur du lieu. L’enfant poursuivait alors son service jusqu’à l’âge de la puberté, âge auquel il pouvait disposer de lui-même. Il pouvait alors choisir de rester au service du lieu de culte, mais il pouvait également le quitter.

Ce verset nous montre également que la mère de Maryam (as) croit que l’enfant qu’elle porte est un garçon, et non une fille, parce lorsqu’elle s’adresse à Dieu, elle le fait de manière catégorique, sans poser comme condition : « si mon enfant est un garçon… ». Au contraire, elle dit : « Mon Seigneur ! Je te consacre ce qui est dans mon sein. » Ce qui atteste qu’elle est certaine de porter un fils. Par le récit que Dieu le Très-Haut fait des paroles résolues de la mère de Maryam (as), nous pouvons déduire d’une part que sa croyance n’est pas une croyance superstitieuse, et/ou qu’elle ne résulte pas de fragments de signes supposés dont l’expérience produit un certain effet sur tout être humain, car ces signes ne sont que conjectures, il ne s’agit ni de savoir, ni de croyance, et un fossé sépare la conjecture de la croyance en Dieu. D’autre part, la parole de Dieu, Honoré et Glorieux, ne contient rien de futile ou de vain, et s’il arrive qu’il soit parfois question d’une futilité, c’est pour l’annuler ou l’invalider. Par exemple, dans le verset suivant, Dieu se réserve le fait de savoir si le fœtus est un garçon ou une fille : « Dieu sait ce que porte chaque femelle et la durée de la gestation. Toute chose est mesurée par Lui. » (sourate Al-Ra‛d (Le tonnerre) ; 13 : 8). Il y fait également mention ici : « Il sait ce que contient le sein des mères. » (sourate Luqmân ; 31 : 34). Il considère que seule Sa propre révélation apporte la connaissance de ce qui est caché. Il dit également : « Il connaît parfaitement le mystère ; mais Il ne montre à personne le secret de Son mystère, sauf à celui qu’Il agrée comme prophète. » (sourate Al-Jinn ; 72 : 26 et 27). L’ensemble de ces questions permet de comprendre que la connaissance dont dispose la mère de Maryam (as) à propos du fait qu’elle porte un garçon ne résulte pas d’une conjecture, car Dieu rapporte ses paroles sous la forme d’une résolution, et ce récit montre que sa croyance conduit d’une certaine manière à la révélation.

Ensuite, Il ajoute : « Après avoir mis sa fille au monde, elle dit : ‘Mon Seigneur ! J’ai mis au monde une fille.’ Dieu savait ce qu’elle avait enfanté : un garçon n’est pas semblable à une fille. ‘Je l’appelle Marie, je la mets sous Ta protection, elle et sa descendance, contre Satan, le réprouvé.’ » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 36). Il est évident que pour servir le temple, le garçon et la fille ne sont pas équivalents. La fille, à la puberté et une fois réglée ne peut plus demeurer dans le lieu de culte. En sus, leur force physique n’est pas la même, et il se trouve également les questions du voile, de la grossesse, qui compliquent la disposition des filles à prolonger ce service. C’est pourquoi on a toujours fait des vœux orientés vers des garçons. « Dieu savait ce qu’elle avait enfanté : un garçon n’est pas semblable à une fille. » Ces deux phrases ne sont pas prononcées par la femme de ‘Imrân (as), mais sont les paroles de Dieu le Très-Haut. Elles sont révélées ici à titre de proposition incise. Cependant, certains expriment à ce sujet deux possibilités. L’une est que ces deux phrases sont les paroles de la mère de Maryam (as). La seconde est que la première phrase correspond à la parole de Dieu et la suivante à celle de l’épouse de ‘Imrân (as). Mais aucune de ces deux possibilités n’est valable. La première n’est pas valable parce qu’il est absolument évident que s’il s’agissait des paroles de l’épouse de ‘Imrân (as), il faudrait nécessairement que le verset soit sous cette forme : « Dieu sait mieux ce qui va naître de moi », car lorsque la phrase précédente : « Mon Seigneur ! J’ai mis au monde une fille », exprime le regret et la tristesse, ce passage: « Dieu savait ce qu’elle avait enfanté » exprime forcément que : « Nous savons que son enfant est une fille, et cependant, ayant fait de son enfant une fille, Nous voulions exaucer son souhait de la meilleure manière, Nous voulions l’exaucer de manière à ce qu’elle soit davantage satisfaite. Et si elle avait su pourquoi Nous avons fait que l’enfant qu’elle porte est une fille, jamais elle n’aurait ressenti de regret, jamais elle n’aurait été aussi triste. Elle ne savait pas que si son enfant avait été un garçon, son espoir n’aurait pas été réalisé de la manière qui convient, et le résultat obtenu avec une fille, n’aurait pu être obtenu si son enfant avait été un garçon. Ceci parce que dans le cas où son enfant avait été un garçon, cela aurait donné un fils tel ‘Isâ (as), un fils qui soit un prophète capable de guérir la cécité de celui qui est né aveugle, de guérir le vitiligo et de ressusciter les morts. Cependant, que son enfant soit une fille, permet que la parole de Dieu se réalise, car d’elle naîtra un fils sans père, et ainsi, tous les deux, aussi bien elle-même (sa fille, Maryam (as)) que son enfant (‘Isâ (as)) symboliseront pour les gens de ce monde un signe, un miracle, car le fils qu’elle mettra au monde s’adressera aux gens depuis son berceau. Il sera l’Esprit et le Verbe de Dieu. Il sera un fils qui auprès de Dieu sera comme Âdam (as). Par lui et sa mère, cette pure et sainte Vierge, des œuvres, des bénédictions et des signes se feront jour. » Ainsi, il est clair que la phrase: « un garçon n’est pas semblable à une fille » ne peut pas non plus être la parole de l’épouse de ‘Imrân (as), au contraire, elle rend également la parole de Dieu le Très-Haut. S’il s’agissait de la parole de l’épouse de ‘Imrân (as), elle aurait dit : « une fille n’est pas semblable à un garçon », et non l’inverse, ce qui est particulièrement évident parce que lorsqu’on espère quelque chose de grande valeur ou d’un haut degré, mais que quelque chose de moindre valeur, ou d’un degré inférieur nous est offerte, on exprime notre regret : « Ceci n’est pas ce que j’avais demandé » ou bien : « Ce que l’on m’a donné ne correspond pas à ce que j’avais demandé. » On ne dit pas : « Ce que je désirais ne correspond pas à ce que l’on m’a offert. » Le Coran ajoute : « Je l’appelle Marie, je la mets sous Ta protection, elle et sa descendance, contre Satan, le réprouvé. » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 36).

La vie parfaite de Maryam (as)

D’après ce que disent les exégètes, le mot « Maryam », dans le vocabulaire ayant cours dans cette ville, signifie « femme pieuse », « dévote », et aussi « servante », ce qui explique pourquoi Hanna (as) appelle sa fille Maryam, dès qu’elle accouche, et pourquoi Dieu le Très-Haut en fait le récit. Après avoir désespéré de mettre au monde un fils qui soit consacré à l’adoration et au service de Dieu, elle veut sans délai consacrer cette fille à ces mêmes occupations. Aussi, lorsqu’elle dit sammaytuhâ Maryam / سميتها مريم / je l’ai appelée Maryam (as), elle exprime en réalité: « J’ai mis au monde cette enfant qui T’es consacrée », ce qui prouve que la phrase susmentionnée tient lieu de nadhr / نذر et c’est ce qui fait que Dieu le Glorifié accepte ce nadhr / نذر et dit : « Son Seigneur accueillit la petite fille en lui faisant une belle réception ; Il la fit croître d’une belle croissance. » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 37). Maintenant, le fait de dire : « Je la mets sous Ta protection, elle et sa descendance, contre Satan, le réprouvé » a pour sens qu’elle et sa progéniture réussiront dans l’adoration et dans le service du temple, pour que Maryam (a) soit bien nommée, que son nom soit conforme à sa vie. On peut se demander pourquoi Maryam (as), sans aucune condition, compte se trouver enceinte d’un garçon, et comment la mère de Maryam (as) sait que Maryam (as) enfantera à son tour. En effet, dans son dialogue avec Dieu, Honoré et Glorieux, Hanna (as) dit de manière catégorique : « Je la mets sous Ta protection, elle et sa descendance ». Comment la mère de Maryam (as), qui ne jouit pas de la connaissance de l’occulte, ni de l’avenir, et dont le sexe de l’enfant qui se trouve dans son sein demeure caché de tous, car personne ne le connaît excepté Dieu le Glorifié, peut-elle être si sûre ? En réponse à cette difficulté, nous pouvons dire qu’ : « Elle (informée d’une manière ou d’une autre) savait que bientôt, de la lignée de son époux ‘Imrân (as), devait naître un fils qui serait pieux. Aussi, après être tombée enceinte et après que son époux ait quitté ce monde, elle ne doute plus un instant que l’enfant qu’elle porte est ce fils dont on lui a promis la venue. Cependant, lorsque l’enfant naît et qu’elle réalise que cette supposition était erronée, elle est alors certaine que ce fils promis sera offert à Maryam (as), et qu’ainsi elle aura elle aussi un enfant. Pour cette raison, elle transfère sur sa fille le vœu qui concernait un fils au départ, et la nomme Maryam (as) (une femme pieuse, une servante du temple), puis elle place son enfant sous la protection de Dieu, contre Shaytân (24) le maudit. Voici ce que l’on comprend lorsque l’on prête une attention précise à la parole de Dieu. » Selon le verset précédent, Dieu accepte pour la première fois une fille pure pour le service religieux et spirituel. Certains exégètes disent que : « Le signe de Son acceptation est le fait qu’après sa puberté, alors que continue son service au temple de Jérusalem, Maryam (as) n’est jamais indisposée et ainsi ne subit jamais la contrainte de devoir s’éloigner de ce centre spirituel. Par ailleurs, le fait qu’elle trouve de la nourriture céleste dans son mihrâb confirme qu’elle est agréée par Dieu. » Il existe également la possibilité que l’acceptation de ce nadhr / نذر et l’agrément de Maryam (as) aient été annoncés à sa mère sous la forme d’une inspiration. L’expression anbatahâ / انبتها provient de anbât / انبات qui signifie « faire croître » et qui, concernant l’éducation et le développement de Maryam (as), indique les aspects de son perfectionnement religieux, spirituel et moral. A ce propos, cette phrase fait référence à un point subtil : ce que Dieu fait croître, de la même manière qu’au cœur de la graine qui donnera une fleur ou une plante se trouvent des aptitudes cachées qui se développent sous la surveillance du jardinier puis se manifestent, au cœur de l’être humain, dans les profondeurs de son esprit et de son innéité, se trouvent également tous les types d’aptitudes supérieures à l’état latent. Aussi, dans le cas où l’être humain est éduqué par les éducateurs divins qui sont les jardiniers des jardins de l’humanité, il est rapidement instruit et les aptitudes offertes par Dieu ont tôt fait de se manifester. Aussi, le mot anbât / انبات est bien employé ici dans son sens propre. Ce que désigne « Son Seigneur accueillit la petite fille en lui faisant une belle réception » (25) est que par cet agrément, l’épouse de ‘Imrân (as) accède à la faveur divine et obtient dans l’autre monde la récompense correspondant à l’acte qu’elle a réalisé. C’est pour cette raison que ce passage ne dit pas que Dieu agréé son vœu, mais plutôt que Dieu agréé Maryam (as). Il est donc question de l’agrément de la fille de Hanna (as), et c’est pour cela qu’elle a été nommée Maryam et qu’elle a été consacrée à la voie de Dieu. En fin de compte, on en revient au sens du mot istifâ’ / اصطفاء / choix, élection ; Dieu nous signifie : « Nous l’avons élue. »

En sus, ce bon agrément qui se rapporte à l’élection de Maryam (as) d’une part, et cette belle croissance (anbatahâ / انبتها) qui se rapporte à la pureté de Maryam (as) incarnent cette même élection et cette même pureté qui sont désignées à la suite des versets que nous discutons, lorsque Dieu dit : « Les anges dirent : ‘Ô Marie ! Dieu t’a choisie, en vérité ; Il t’a purifiée ; Il t’a choisie de préférence à toutes les femmes de l’univers.’ » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 42). Aussi, il est clair que la croissance de Maryam (as) ainsi que sa pureté proviennent du fait que l’invocation de sa mère s’est trouvée exaucée, de même que son élection parmi les femmes du monde provient du fait que ‘Isâ (as) va naître d’elle, que son fils sera destiné à être un signe pour les mondes, un signe dont l’authenticité est certifiée par la parole de Dieu même : « un garçon n’est pas semblable à une fille. » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 36).

Notes:

1 Joachim (as). (Texte traduit du persan. Les notes sont du traducteur et les traductions des passages du Coran de Denise Masson).

2 Anne (as).

3 Littéralement : « celui qui est oint ». Ainsi, le mot Messie correspond à l’étymologie du mot christos, qui donne Christ en français, et désigne celui qui a reçu l’initiation. Donc, ‘Isâ al-Masîh (as) correspond précisément à Jésus-Christ (as) et ne diffère pas de la notion de Messie.

4 Marie (as).

5 Nûh (as).

6 Ibrâhîm (as).

7 Moïse (as).

8 S’il est question de lui lorsque le nom ‘Imrân apparaît, il n’est pas précisé s’il s’agit du père de Mûsâ (as), de celui de Maryam (as), ou de quelqu’un d’autre. En l’occurrence, le nom ‘Imrân apparaît trois fois dans le Coran : deux fois dans la sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de ‘Imrân, sourate 3) et une fois dans la sourate Maryam (Marie (as), sourate 19). Quant à l’interprétation, elle est difficile parce que ‘Imrân, le père de Mûsâ (as) a également une fille vertueuse qui se nomme Maryam (as), ce qui engendre une véritable confusion. Par exemple, lorsqu’il est écrit « Maryam (as) sœur de Hârûn (as) », on sait qu’il s’agit bien de Maryam (as) mère de ‘Isâ (as), mais ici elle est mentionnée comme étant la sœur de son ancêtre Hârûn (as), peut-être du fait de leur proximité spirituelle…

9 Jésus (as).

10 Noé (as).

11 Abraham (as).

12 Ils honorent la promesse faite à Dieu dans la préexistence, lorsque Dieu demande aux créatures en un « lieu » rassemblées, avant même leur création : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » et qu’elles répondent : « Si ! »

13 Son père, le septième Imâm, Mûsâ al-Kâzem (as).

14 Voir note n° 5.

15 Le nadhr / نذر est un vœu conditionné à un acte (soit un acte votif). Certains attendent que le vœu soit réalisé pour s’acquitter de l’acte qu’ils ont promis d’accomplir. D’autres accomplissent immédiatement l’acte votif et laissent à Dieu le soin de l’accepter ou de le refuser. De prime abord, il semble que la chronologie influence l’histoire au point de pouvoir inverser les rôles, mais en réalité, c’est l’intention qui constitue le critère, et l’intention pure est par nature délivrée de la notion de temps.

16 Ou Ashâ‛ = Elisabeth (as).

17 Les fils d’Israël / Jacob (as).

18 Zacharie (as).

19 Bayt al-moqaddas, le Temple de Jérusalem.

20 En islam, ‘Isâ (as) ne meurt pas sur la croix, il poursuit sa vie dans les cieux et figure parmi les quatre hommes (en plus du Mahdî (as)) qui ne passent justement pas par le cycle de la résurrection. Il redescendra sur terre et accomplira la prière derrière le Mahdî attendu (‘aj), lors de l’ouverture du dernier cycle conduisant à la fin des temps et au jugement dernier.

21 Nûh (as).

22 Ibrâhîm (as).

23 En Orient et dans les pays secs, on arrose régulièrement les cours, les trottoirs et les ruelles pour empêcher la poussière de se soulever au moindre mouvement. Ce geste est inconnu en Europe du Nord par exemple…

24 Satan.

25 La traduction de Denise Masson s’accorde mal ici avec le discours de l’exégète.

 

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