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Lettre de l’Imam al-Husayn (P) aux habitants de Koufa
Le 3ème jour de Muharram, lettre de l’Imam al-Husayn (P) aux habitants de Koufa
aussi, l’arrivée de l’armée d’Omar Ibn Sa’ad à Karbala pour combattre l’Imam al-Hussein (la paix soit sur lui)De son Imamat à son Soulèvement de Achoura.
Son Imamat
Après le martyre de l’Imam al-Hasan (a), en l’an 50 H/670, l’Imamat fut transmis à l’Imam al-Husayn (a) et il était l’Imam (a) jusqu’au 10 Muharram 61 H/680.
Les textes qui prouvent son Imamat
Nous pouvons utiliser les raisons générales que nous avons déjà indiquées pour prouver l’Imamat de l’Imam Hussayn (p). En outre, le noble Messager de l’Islam (P) a souligné l’Imamat de Hassan (p) et de Hussayn (p) dans de nombreux hadiths.
L’Envoyé de Dieu (P) a dit: « Mes deux fils sont Imams, qu’ils se lèvent pour l’Imamat ou pas. »[1]
Par ailleurs, l’Imam Hassan (p) a présenté son frère, Hussayn (p), comme son successeur et Imam au moment de son décès.
L’Imam Sâdiq (p) a déclaré dans un hadith : « Hassan ibn ‘Ali (p) a appelé son frère, Muhammad ibn Hanafîyah, avant sa disparition et dit : ‘Ne sais-tu pas que Hussayn ibn ‘Ali (p) sera l’Imam après ma mort? Dieu, qu’Il soit loué et glorifié, l’a voulu et l’Envoyé de Dieu (P) l’a appuyé. Dieu le Très-Haut sait bien que vous (Gens de la Demeure prophétique) êtes Ses meilleurs serviteurs. Dieu a élu le Prophète Muhammad (P) au rang de la Prophétie, et celui-ci, a élu l’Imam ‘Ali (p) comme Imam, et mon père (p) m’a élu comme Imam, ce que j’ait fait à l’égard de Hussayn (p).’ Muhammad ibn Hanafîyah a dit : ‘Ô mon frère! Tu es Imam et remplis sûrement ton devoir.[2]
‘Ali ibn Yûnus ‘Amilî écrit dans son livre intitulé « Sirâti Mustaqîm » :
« L’Emir des Croyants (p) a souligné l’Imamat de son fils, Hassan (p), comme il l’a fait à l’égard de son fils, Hussayn (p). Les narrateurs chiites ont rapporté que Hassan (p), avant sa disparition, a choisi son frère Hussayn (p) comme Imam, lui a confié les pactes de la Prophétie et les engagements de l’Imamat, a informé les Chiites de son Imamat et succession, et l’a choisi comme le porte-drapeau de la guidance après lui-même. C’est une chose évidente et reconnue sans aucune ambiguïté.[3]
Mas’ûdî écrit dans son livre «Ithbâtul Wasîlah:
« Lorsque l’Imam Hassan (p) est tombé malade, son frère Abû ‘Abdullâh est venu lui rendre visite. Ils ont parlé pendant un moment et puis l’Imam Hassan (p) a présenté son frère Hussayn (p) comme son successeur. Il a enseigné à Hussayn (p) le Nom Suprême (Ismi A’zam) de Dieu et lui a confié les héritages des Prophètes et le testament de l’Emir des Croyants (p). »[4]
Muhammad ibn Hanafîyah a dit à l’Imam Sajjâd (p) : « Sais-tu que l’Envoyé de Dieu (P) a confié l’Imamat et sa succession après lui à l’Emir des Croyants (p), et après celui-ci, à Hassan (p) puis à Hussayn (p) ? »[5]
Réaction et la position de l’Imam al-Husayn (a) contre Yazid
Imam Husseini : Sauveur de l’Islam Face à Yazid
Dès que Muawiya fut mort, son fils Yazid accéda au pouvoir à Damas avec le soutien de la famille de Bèni Omeyyeh. Mais partout dans le monde islamique cette succession douteuse était inacceptable, et c’était pour cela que Yazid voulut renforcer sa position en essayant de légitimer sa situation par l’acquisition du soutien ou du moins du silence de l’Imam Hussein (psl). Aussitôt au pouvoir, Yazid envoya au gouverneur omeyyade de la Médine des ordres stricts selon lesquels il devrait obliger l’Imam Hussein à prêter serment de fidélité et d’obéissance (bey’âh) à Yazid, mais l’Imam refusa catégoriquement en condamnant ouvertement Yazid, qui n’avait aucune relation avec le peuple, aucune connaissance, aucune piété, aucune morale, aucun antécédents de djihad dans la voie de Dieu, aucune croyance en la spiritualité de l’islam, aucun comportement digne d’un croyant et aucune parole digne d’un sage. Il n’avait rien de commun avec le Prophète (SAWA). Dans une telle situation, l’occasion s’est présentée à Hussein Ibn Ali – qui était lui-même, l’Imam qui devait remplacer le Prophète – de se soulever (contre Yazid). Apparemment, ce soulèvement était un soulèvement contre le gouvernement corrompu et despotique de Yazid, mais à l’intérieur, il s’agissait d’un soulèvement pour la défense des valeurs islamiques, pour la connaissance, la foi et l’honneur, et pour sauver les gens de la corruption, de l’humiliation et de l’ignorance.
Imam husseini dans une autre lettre, adressée, celle-ci, aux habitants de Kûfa il souligne les conditions requises en Islam pour un prétendant à la direction politique des Musulmans, l’Imamat:
«Par ma religion, l’Imam ne peut être que celui qui gouverne selon le Livre, qui établit l’équité, qui a pour religion la Religion Vraie, qui s’en tient scrupuleusement aux Prescriptions de Dieu…» [6]
Or Yazid était un débauché qui affichait sa débauche. [7] L’essentiel de ses préoccupations étaient: les jeux, les divertissements, les femmes, les boissons alcoolisées, les courses de chevaux, la chasse etc… Comment dès lors, al-Hussayn, ce petit-fils du Prophète, ce gardien du Message, ce membre des Ahl-ul-Bayt dont «Dieu a effacé la souillure» [8], pouvait-il consentir et contribuer à la désignation de quelqu’un comme Yazid pour la direction de la Umma, direction à laquelle ne doit accéder qu’un homme d’une intégrité exemplaire et possédant une connaissance profonde et parfaite des lois et des statuts de la Chari’â?
En appelant les gens à se joindre à lui dans son soulèvement il ne leur promettait qu’une chose: le retour au Message de Dieu et à la Tradition du Prophète.
«… Je vous appelle au Livre de Dieu et à la Sunna de Son Prophète… Car la Sunna est assassinée et l’hérésie, ressuscitée. Si vous écoutiez mes paroles et obéissiez à mes instructions… Je vous conduirais dans la bonne voie… Que la Paix et la Miséricorde de Dieu soient sur vous». [9]
Rôle de Koufa dans l’événement de Karbala
Les habitants de la Koufa, accablés de l’oppression omeyyade, rêvaient du retour du pouvoir aux mains de la légalité… Et lorsqu’ils apprirent que l’Imam Hussein (psl) avait refusé le bey’âh de Yazid, ils commencèrent à lui envoyer des lettres du soutien l’appelant à les joindre à la Koufa pour rétablir le califat légal. Les lettres qui parvinrent à l’Imam Hussein (psl) étaient plus de douze mille, et elles l’appelaient toutes à honorer la Koufa par sa présence, jurant de lui réserver une obéissance absolue et de ne reconnaître aucun Imam que lui !
Conscient de la gravité de sa responsabilité et de l’importance de sa mission, tenant compte de l’expérience malheureuse et douloureuse de son frère al-Hassan et de son père l’Imam ‘Ali avec les Irakiens, al-Hussayn ne pouvait prendre une décision de cette importance que prudemment, et ne voulait réagir positivement aux requêtes pressantes et réitérées de ses partisans en Irak qu’après avoir obtenu des assurances suffisantes quant au sérieux de leur soutien. Aussi leur écrivit-il une lettre dans laquelle il leur rappela le contenu de leurs missives et leur demanda d’accueillir son représentant et cousin Muslim Ibn ‘Aqil afin qu’il apprécie la situation sur place et prépare sa venue:
«Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. (…) J’ai reçu vos lettres et vos messagers (…). J’ai pris note de tout ce que vous avez écrit et exprimé dans ces lettres. (…) Je vous envoie mon frère et cousin, mon homme de confiance, quelqu’un de ma famille: Muslim Ibn ‘Aqil. S’il m’écrivait qu’il y avait un consensus unanime de la population sur ce que vous avez écrit dans vos lettres… je viendrais auprès de vous bientôt; si Dieu le veut…» [10]
En même temps, al-Hussayn prit soin de préparer et de mobiliser les habitants de Basrah. Il adressa la lettre suivante aux chefs de cette ville et à ses leaders de l’opposition:
«Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux… Dieu a élu Mohammad parmi Ses créatures pour lui accorder l’honneur de la mission prophétique. Il l’a choisi pour communiquer Son message. Puis Il l’a appelé vers Lui. Le Prophète a conseillé les serviteurs de Dieu et a communiqué ce pourquoi il fut choisi comme Prophète… Nous étions sa famille, ses amis, ses héritiers présomptifs, ses légataires et les premiers ayants droit à le représenter auprès des gens. D’aucuns parmi notre peuple nous ont usurpé notre droit. Et cependant, nous n’avons rien dit, car nous détestions la division et nous avons voulu favoriser la sécurité, tout en sachant que nous avions plus de droit au califat que ceux qui l’ont confisqué.
»Je vous envoie cette lettre avec mon messager et je vous appelle au Livre de Dieu et à la Sunna de son Prophète (P), car, en effet, celle-ci a été assassinée, et l’hérésie ressuscitée. Je vous invite à écouter ma parole, obéir à mes ordres; je vous conduirais vers la bonne voie. Que la Paix, la Miséricorde et les Bénédictions de Dieu soient sur vous». [11]
De cette façon Basrah apprit la nouvelle du mouvement d’al-Hussayn. Cette ville était l’un des fiefs de l’action politique de l’opposition, et le plus grand centre islamique après Kûfa, en Irak, à cette époque-là. Elle comptait des leaders de l’opposition et connaissait une opinion publique hostile au régime Omayyade. Elle avait beaucoup souffert des gouverneurs de Mu’âwîyah. Avec l’arrivée de cette lettre, les notables de la ville se sont réunis à la maison d’une femme de l’opposition et ont décidé de soutenir le mouvement d’al-Hassayn.
Ibn al-‘Athir nous fait un compte rendu de cette réunion dans son livre: « Al-Kâmel fil Târikh » (Tom. VI, p. 21):
«Des Chiies se sont réunis dans la maison d’une femme de la famille Abdul Qaïs. Elle s’appelait Mariya Binta Sa’dah. Elle était devenue chiite, et sa maison un lieu de réunion et de débats pour les Chiites… Yazid Ibn Banit, lui aussi de la famille de ‘Abdul Qaïs, décida d’aller à la rencontre d’al-Hussayn. Il avait dix fils. Il leur demanda: «Lequel de vous viens avec moi». Deux d’entre eux se sont présentés: ‘Abdullah et ‘Obeidullah. Ils partirent à la Mecque… et ils furent tués avec lui plus tard».
D’autres réunions et d’autres débats ont eu lieu pour donner suite à la lettre d’al-Hussayn. Ainsi, Yazid Ibn Mas’oud rassembla les Bani Temim, les Bani Handhalah et les Bani Sa’ad. Il leur tint un discours dans lequel il les incita à soutenir al-Hussayn et les mit en garde contre toute velléité de faire défection. Voici quelques extraits du discours:
«… Yazid, cet alcoolique et cette tête de la débauche prétend au califat des Musulmans et s’impose comme leur chef sans leur consentement. Pourtant il manque de clémence et de savoir, il est ignorant du bon droit. Je jure donc avec force, par Dieu, que le jihad contre lui est préférable pour la religion au jihad contre les polythéistes. Et voici al-Hussayn fils de ‘Ali et fils du Messager de Dieu; il est d’un honneur authentique, d’une opinion enracinée, d’une grâce indescriptible, et d’un savoir inépuisable. Il a la priorité pour cette affaire (le califat) en raison de ses bons antécédents, de son âge, de son ancienneté, et de sa parenté. Il est tendre avec les cadets et bienfaiteur pour les aînés. Il est donc le meilleur pasteur pour ses ouailles et l’Imam d’un peuple. (…) Ne manquez donc pas de voir la lumière du vrai et n’errez pas dans l’abîme du faux. Çakhr Ibn Qaïs a été trahi par votre défection le Jour (de la bataille) de Jamal. Effacez donc cette faute en soutenant le fils du Messager de Dieu. Par Dieu, personne parmi vous ne pourrait manquer à le soutenir sans que Dieu n’humilie ses enfants et réduise sa tribu. (…) Me voilà en habit de guerre. Celui qui n’est pas tué dans la guerre, mourra naturellement; et celui qui fuit, n’échappera pas à son sort. Essayez donc – que Dieu vous couvre de sa miséricorde – de me donner une bonne réponse».
Les Bani Handhala ont répondu les premiers: «Ô Abou Khâled, nous sommes les flèches de ton carquois et les cavaliers de ta tribu. Si tu tirais avec nous, tu atteindrais la cible, et si tu attaquais avec nous, tu conquerrais. Par Dieu tu ne livrerais pas une bataille sans que nous ne la livrions, et tu ne rencontrerais pas une difficulté sans que nous ne la partagions. Par Dieu nous te soutiendrons avec nos sabres, et te protégerons avec nos corps. Fais et nous te suivrons».
Puis ce fut autour des Banou Sa’ad Ibn Yazid de prendre la parole: «Ô Abou Khâled, ce que nous détestons le plus, c’est de nous opposer à toi et d’avoir une opinion différente de la tienne. Si nous avions abandonné le champ de bataille (de Jamal) c’était parce que Çakhr Ibn Qaïs, nous l’avait demandé… Aussi avons-nous conservé notre force. Donne-nous donc un peu de temps pour nous concerter et t’apporter notre réponse ».
Enfin ce fut le représentant des Bani ‘Âmer Ibn Temîm qui intervint: «Ô Abou Khâled! Nous somme la tribu de ton père, et tes alliés. Nous ne resterions pas indifférents si tu es en colère, ni ne demeurerions ici, si tu pars. L’affaire est entre tes mains. Appelle-nous, nous te répondrons et ordonne-nous, nous t’obéirons…»
S’étant assuré du soutien de ces tribus, Yazid Ibn Mas’oud écrivit à al-Hussayn:
«Au nom de Dieu… J’ai reçu ta lettre et compris ce que tu m’as chargé de faire et l’appel que tu m’as lancé pour obtenir mon soutien. Dieu ne laisse jamais une terre sans un facteur de bien ou un guide pour la voie du salut. Vous [12] êtes la preuve de Dieu à Sa créature, et Son Dépôt dans Sa terre. Vous vous ramifiez d’un olivier d’Ahamd (un autre nom du Prophète Muhammad), dont celui-ci est le tronc et vous, les branchages. Viens donc, tu es le bienvenu…»
De son siège de la Mecque, al-Hussayn a donc pu faire remuer l’opinion publique, galvaniser le sentiment de révolte des Musulmans, diriger le mouvement de l’opposition. Pendant les mois de Cha’bân, Ramadân, Chawwâl, Thil-Qa’dah et une partie de Thil-Hajjat, il a pu déterminer le lieu, le temps et la conjoncture politique du déclenchement de sa bataille.
La révolution sera déclenchée en Irak.
Lorsque ‘Obeidullah Ibn Ziyâd, le gouverneur de Kûfa fut mis au courant de la marche d’al-Hussayn sur sa ville, il mobilisa ses hommes et établit un plan en vue d’arrêter ou d’entraver cette marche qui, si elle arrivait à destination, pourrait menacer tout le pouvoir omayyade. Il confia l’exécution de son plan au directeur de sa police, Huçine Ibn Namir al-Temimi. Celui-ci rassembla ses hommes et choisit pour quartier général une position stratégique située sur l’itinéraire qu’al-Hussayn suivrait pour venir à Kûfa. Cette position dont il fit son quartier général s’appelait al-Qadisiyya. Il établit une ligne militaire entre Qadisiyya et Khaffan, et une autre entre Qadisiyya et Qatqatâna, et étendit la présence de ses forces jusqu’à la montagne de La’la’.
La lettre aux habitants de kufa
Al-Hussayn s’approchait de plus en plus de son objectif. Lorsqu’il arriva à un endroit qui s’appelait al-Hâjir, il écrivit une lettre à l’intention des Kufites, leur annonçant son arrivée imminente et exaltant leur ardeur révolutionnaire. Il confia ce message à un compagnon, Qaïs Ibn Mes-her al-Çaydâwi, lequel se hâta en direction de Kûfa. Mais sa mission ne put être accomplie, car il fut arrêté par les forces de Huçine, disséminées aux environs de Qadisiyya, et conduit à ‘Obeidullah Ibn Ziyâd, lequel lui demanda de monter à la tribune et d’injurier al-Hussayn. Fidèle inébranlable d’al-Hussayn, il monta sur la tribune, et au lieu de proférer des injures à l’encontre de ce dernier, il appela les gens à le soutenir, et attaqua courageusement et violemment ‘Obeidullah Ibn Ziyâd. Celui-ci ne put supporter ce camouflet et ordonna qu’on le jette du haut du Palais jusqu’à ce que la mort s’en suive.
Alors que la situation de ses partisans (d’al-Hussayn) continuait à se dégrader à Kûfa après l’assassinat de Muslim Ibn ‘Aqil, de Hani Ibn ‘Urwah et du dernier messager qu’il venait d’envoyer, al-Hussayn n’en sut rien. Aussi dépêcha-t-il un nouveau messager, ‘Abdullah Ibn Yaqter [13]pour s’informer de la situation. Entre temps, al-Hussayn apprit à al-Tha’labiya le sort tragique de Muslin Ibn ‘Aqil. Mais il était trop tard pour sauver le nouveau messager, lequel tomba lui aussi aux mains des soldats de Huçine près de Qadisiyya et fut conduit à ‘Obeidullah Ibn Ziyâd qui lui demanda, comme il l’avait fait avec son prédécesseur, de monter sur la tribune et d’injurier al-Hussayn.
Mais comme son prédécesseur, ‘Abdullah Ibn Yaqter monta sur la tribune pour injurier ‘Obeidullah et annoncer l’arrivée prochaine d’al-Hussayn. ‘Obeidullah, excédé là encore, ordonna qu’on lui réserve le même traitement qu’avait subi son prédécesseur. Il fut ainsi jeté du haut du Palais. Et comme il présentait encore quelques signes de vie après sa chute, un bourreau lui donna le coup de grâce en lui coupant la tête d’un coup d’épée. Quand al-Hussayn apprit cette dernière nouvelle, il rassembla sa famille et ses compagnons et leur dit:
«Nos partisans nous ont abandonnés. Ceux qui veulent s’en aller, peuvent le faire. Ils n’ont pas d’obligation envers nous».
Tous ceux qui avaient rejoint le cortège sur la route, se dispersèrent à gauche et à droite, et il ne resta avec al-Hussayn que ceux qui l’accompagnaient depuis la Mecque. [14]
La Terre du Rendez-vous
La poursuite de la marche d’al-Hussayn ne durera pas longtemps. En effet l’armée omayyade l’intercepta bientôt et l’obligea de s’arrêter. Al-Hussayn contempla l’endroit où sa troupe s’était immobilisée et demanda:
«Comment s’appelle cette terre?
– La terre de Taf, lui répondit-on.
– N’a-t-elle pas d’autre nom?, insista-t-il.
– Si, elle s’appelle Karbalâ’, lui dit-on encore.
Cette réponse semble être ce qu’il prévoyait justement. Il s’adressa à son Créateur et fit:
«Ô mon Dieu! Je me protège auprès de Toi du KARB (affliction) et du BALÂ’ (malheur)».
Et d’ajouter: «C’est un lieu d’affliction et de malheur. Descendez de vos montures. C’est ici le terme de notre voyage, le lieu de l’effusion de notre sang et la place de nos tombeaux. C’est ce que m’a dit mon grand-père, le Messager de Dieu». [15]
C’était un jeudi. Le 2 Muharram de l’an 61 hégirien, [16] jour de l’arrivée d’al-Hussayn à Karbalâ’, terre qui restera pour toujours le symbole du martyre.
Le 3ème jour du mois de Muharram, Omar ibn Sa’ad (MD) est arrivé de Koufa avec 4000 soldats. Cette cavalerie de soldats avait été à l’origine envoyée par Ubaydullah ibn Ziyad (MD) pour soumettre les habitants de Daylam à Dastaba. À ce moment-là, ibn Ziyad (MD) avait nommé Omar ibn Sa’ad (la) gouverneur de Raye (aujourd’hui à Bahreïn). Cependant, avec l’imam Al-Hussein (la paix soit sur lui) en direction de Koufa, ibn Ziyad (Maudit par Dieu) a changé la mission de ibn Sa’ad (MD). Ses instructions à ibn Sa’ad (MD) étaient les suivantes: « Allez voir l’imam Al-Hussein (que la paix soit sur lui). Lorsque vous aurez terminé, vous pourrez retourner dans votre gouvernorat. » Omar Ibn Sa’ad (la) a répondu: « Si vous pouvez me relever de cette mission, veuillez le faire. Puisse Allah avoir pitié de vous. » Ubaydullah (MD) répondit: « Oui, si vous quittez le poste de gouverneur de Raye. » Ibn Sa’ad (MD) a demandé une journée pour réfléchir à la question. Le lendemain, Omar ibn Sa’ad (MD) se rendit à ibn Ziyad (MD) et dit: « Qu’Allah vous rende prospère. Vous m’avez confié le poste de gouverneur de Raye et la mission contre l’Imam Al-Hussein (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui). Les gens ont déjà été informés de ma nomination. Si vous pensez toujours que je suis apte, faites-le. Sinon, envoyez une armée des dirigeants éminents de Kufa. Je ne suis pas le meilleur candidat pour combattre en votre nom. » Puis il a proposé des noms. Ibn Ziyad (MD) répondit: « N’essayez pas de me dire qui sont les éminents dirigeants de Koufa. Je ne vous demande pas conseil pour savoir qui je devrais envoyer. Soit vous vous lancez contre l’Imam Al-Hussein (la paix soit sur lui) avec vos soldats ou remettre votre gouvernorat « . Après avoir entendu ces paroles de Ubaydullah ibn Ziyad (MD), ibn Sa’ad (MD) a accepté de marcher contre l’imam Al-Hussein (paix soit sur lui) avec 4000 soldats. Ils sont arrivés à Ninawa le lendemain, 3ème Muharram. Rencontre d’Omar Ibn Sa’ad et de l’imam al-Hussein (la paix soit sur lui) Omar ibn Sa’ad (MD) a demandé à Azrah ibn Qays d’aller voir l’imam Al-Hussein (que la paix soit sur lui) et de lui demander pourquoi il était venu ici et quelles étaient ses intentions. Azrah était l’un de ceux qui avaient envoyé une invitation écrite à l’imam Al-Hussein (la paix soit sur lui) et était gêné d’aller le voir. D’autres avaient également écrit à l’Imam Al-Hussein (la paix soit sur lui) et se trouvaient maintenant dans la même situation. Ils ont donc refusé d’aller à la rencontre de l’imam Al-Hussein (que la paix soit sur lui)… Omar ibn Sa’ad (MD) appela Qurrah ibn Qays Hanzali et lui dit: « Honte à toi, Qurrah. Va vers l’Imam Al-Hussein (paix soit sur lui) et demande-lui ce qui l’a amené ici et ce qu’il veut. » Qurrah a commencé à marcher vers le camp de l’imam Al-Hussein (la paix soit sur lui). Lorsque l’imam Al-Hussein (que la paix soit sur lui) le vit approcher, il demanda: « Quelqu’un le connaît ? » Habib ibn Muzahir a répondu: « Oui. Il appartient à la tribu Hanzalah de Tamim et au fils de notre sœur. Je le connaissais comme un homme d’intelligence et je ne l’aurais pas imaginé présent de l’autre côté. » Qurrah entra et salua l’Imam Al-Hussein (que la paix soit sur lui). Il a ensuite transmis le message d’Omar ibn Sa’ad (MD). L’Imam Al-Hussein (que la paix soit sur lui) répondit: « Les habitants de ta ville m’ont écrit pour me demander de venir. S’ils ne souhaitent pas que je sois ici, je les quitterai et partirai. » Qurrah est retourné à Ibn Sa’ad (MD) pour l’informer de ce qui a été dit. Ibn Sa’ad a déclaré: « J’espère qu’Allah me dispensera de déclarer la guerre contre lui ».
Notes:
1-Ithbâtul Hudât, Vol 5, p. 134-171.
2-Ibid, p. 169, Bihârul Anwâr, Vol. 44, p. 174.
3-Ithbâtul Hudât, Vol 5, p. 173.
4-Ibid, p. 174.
5-Ibid, p. 170.
6-Cheikh al-Mufid, op. cit. p. 204
7-Voir al-Mawdoudi, op. cit. p. 11
8-Voir le verset coranique déjà cité, et dans lequel, il est dit: «Ô vous, les gens de la Maison! Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure». (Coran, XXXIII, 33)
9- ‘Abdullah al-Muqarram, « Maqtal al-Hussayn », pp. 140-141
10-Al-Cheikh al-Mufid, op., cit., p. 204
11-Abdul Razzâq al-Muqarram, « Maqtal al-Hussayn », pp. 141-142
12-Le « vous » désigne ici les « Ahl-ul-Bayt » (les Gens de la Maison) dont al-Hussayn est membre.
13-Dont la mère était l’éducatrice d’al-Hussayn
14-En fait, ces bédouins avaient rejoint al-Hussayn dans l’espoir de partager d’éventuels butins de guerre. Voir Ibn al-‘Athir, op. cit., p. 43
15-Ibn Tâwûs, « Maqtal al-Hussayn », p. 33
16-Al-Cheikh al-Mufid, op. cit.